mardi 25 août 2009

LES FONDATEUR DE LA GUITARA FLAMENCA


Esteban de Sanlúcar
La biographie d’ Esteban Delgado Bernal "Esteban de Sanlúcar" (Sanlúcar de Barrameda, 1912 - Buenos Aires, 1989) peut être résumée en quelques lignes. Comme son frère Antonio, il fait ses classes à Séville, dans les "cafés cantantes" et des soirées privées, accompagnant les cantaores qui gravitent autour de l’ Alameda de Hercules. Dès 1935, Fernando el de Triana, cantaor et écrivain, lui consacre une notice dans son livre "Arte y artistas flamencos : "... o me equivoco, o quedara consagrado para poder figurar entre las grandes figuras de la guitarra flamenca" (réédition : Ediciones Demófilo - Córdoba, 1978).
En effet, Esteban de Sanlúcar ne tarde pas à être l’ un des guitaristes habituels des tournées d’ "ópera flamenca", avec toutes les grandes têtes d’ affiche de l’ époque : La Niña de Los Peines, Angelillo, Pepe Marchena, Antonio Mairena, Juanito Valderrama...
L ’ une de ces tournées, avec Concha Piquer, le conduit en Amérique, où il s’ installera définitivement pour fuir la misère franquiste, comme nombre de ses collègues. Il devient alors un soliste renommé, avec des concerts dans la plupart des grands grands pays d’ Amérique latine (Argentine, Vénézuela, Mexique...).
Après un séjour au Vénézuela, il finit par s’ établir définitivement à Buenos Aires, où il enseigne et se produit dans des cabarets. Modeste et discret, Esteban de Sanlúcar fut un remarquable compositeur et un interprète raffiné, d’ une grande musicalité. Il semble que l’ heure de la reconnaissance soit enfin venue, grâce au dévouement de son élève Manolo Yglesias, et du travail des éditions Acordes Concert.

LES STYLES D'ESTEBAN SANLÚCAR LUIS MARAVILLA

LES STYLES D’ ESTEBAN DE SANLÚCAR ET DE LUIS MARAVILLA
Esteban de Sanlúcar et Luis Maravilla sont presque exactement contemporains, et leurs styles présentent beaucoup de caractères communs. Ils seront d’ ailleurs ensemble sur scène à deux reprises, en 1942 avec Juanita Reina, et en 1943 avec Gracia de Triana, et pour quelques solos en "mano a mano".
Pour leurs compositions sur des formes flamenca strictes, les deux guitaristes restent attachés au style de Ramón Montoya, tant sur les plans technique et harmonique que pour la structure (cf, dans la même série, notre article sur Ramón Montoya).
Leurs pièces les plus intéressantes se rattachent à une longue tradition, qui commence avec les solos "a lo flamenco" des guitaristes de la fin du XIXème siècle (Paco el Barbero, Paco de Lucena, Rafael Marín...), et perdure encore actuellement avec les "Boleros", "Baladas"... contemporains. Il s’ agit d’ oeuvres basées sur les techniques et l’ harmonie de la guitare flamenca, mais qui ne suivent pas les règles d’ un "palo" bien défini, ou sont modelées à partir d’ une forme étrangère au répertoire du cante (par exemple, le Zapateado, dont la première version connue pour guitare solo est attribuée à Mario Escudero _cf : notre prochain article). Tous les guitaristes de l’ époque nous ont laissé de telles "Danzas", "Fantasías"..., mais peu s’ y sont révélés aussi inspirés.
Esteban de Sanlúcar nous a légué quelques classiques du genre, repris par Mario Escudero, Pepe Martinez, Paco de Lucía, Rafael Riqueni, Miguel Ochando, Javier Conde... : "Perfil flamenco" (Zapateado), "Castillo de Xauen" (Zambra), "Panaderos flamencos", "Horizonte de Málaga" (Fantasía), "Primavera andaluza" (Danza), et "Mantilla de feria" (Danza). Luis Maravilla ne fut pas moins prolixe en la matière, et l’ on ne peut que regretter le purgatoire dans lequel ses oeuvres restent actuellement reléguées (on en trouvera un exemple avec "Porto Velho" - cf : transcription ci-contre). Mais, assurément, son heure viendra...